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Des journées mémorables
Le 14 juillet 1790, la fête de la Fédération s’est déroulée près du calvaire. Ce n’est pas un hasard si ce grand rassemblement populaire s’est déroulé en ce lieu : c’était le plus grand espace ouvert à proximité du bourg, dont profitait déjà la foire annuelle. Voici le récit de cette journée :
« L’an mil sept cent quatre-vingt-dix, le quatorze juillet, vers les onze heures du matin, le Conseil général formant la Municipalité de Couëron assemblé aux Gazoires, lieu de ses Séances, s’est rendu au Calvaire, accompagné d’un corps d’artillerie muni de neuf canon, de la Garde Nationale, environ le nombre de deux cents, et de plus de cent filles vêtues de blanc et ornées de rubans constitutionnels, qui marchoient en ordre, sur deux lignes, au bruit des tambours. »
Le 8 mai 1945, les couëronnais se rassemblent sur la place du champ de foire, devant la mairie pavoisée et le Monument aux morts de la Première Guerre mondiale pour fêter la victoire sur l’Allemagne.
Le cimetière
Avant le développement de l’action municipale au cours du XIXe siècle, c’est l’église qui est le bâtiment principal d’une petite ville. Le parvis de l’église est donc la place principale, le marché s’y tient. D’ailleurs, la première mairie de Couëron, ou plus modestement la « maison commune », est logée à l’ombre de l’église, dans un immeuble aujourd’hui détruit de la rue Joseph Blanchard.
Le cimetière se trouve en 1825 dans un grand espace au nord de la ville, à côté du calvaire. Cet espace tient sa forme étrange du tracé des parcelles anciennes et restera une contrainte pour tous les aménagements.
Le bourg s’agrandissant, le cimetière se retrouve au début du XXe siècle au cœur de la ville. Il est déplacé de 1921 à 1927 vers les Epinettes, afin de créer un vaste champ de foire, ou champ de mars à Couëron, amorce de la première place. Les murs du cimetière sont abattus plus tard et le calvaire déplacé vers les Viviers. Les tensions sont grandes à l’époque, car les couëronnais craignent de piétiner les tombes de leurs ancêtres.
Le champ de foire
Le cimetière déplacé, il reste un vaste espace traversé par des routes importantes : l’une pour rejoindre Nantes vers l’est, l’autre Sautron vers le nord. C’est d’ailleurs à cet endroit stratégique qu’est installée la bascule de Couëron. Le marché de Couëron existe depuis « des temps immémoriaux ». Il se tient d’abord autour de l’église, puis pendant sa reconstruction, sur les bords de Loire. Il se déplace tout naturellement vers le champ de foire dans les années 1930.
L’espace est certes vaste, mais ses fonctions et circulations sont mal définies. Il ressemble encore nettement plus à un terre-plein qu’au centre urbain d’une ville.
Une réflexion sur l’ensemble du bourg
Au début des années 1990, sous la municipalité Morin, un ambitieux projet de réaménagement du bourg est entrepris avec pour objectif le cœur de ville et les bords de Loire.
Le constat est implacable : « L’urbanisme austère, l’aspect triste de la ville, l’animation inexistante, créent un climat de morosité peu favorable à l’attractivité commerciale d’où l’évasion des achats vers l’extérieur. […] De l’attractivité des commerces, alliée à celles des activités culturelles et de loisirs, dépendra celle du centre-ville »[1].
L’usine Tréfimétaux venait de fermer[2], laissant de nombreux ouvriers sans travail et une friche industrielle immense sur les bords de Loire.
Après le traumatisme de la fermeture d’une usine plus que centenaire qui avait employé plusieurs milliers d’ouvriers, il fallait tourner la page et ancrer Couëron dans la modernité.
La ville organise un concours pour désigner le maître d’œuvre de ce vaste chantier. Trois équipes concourent avec trois partis pris très différents : un parti pris minéral très affirmé au cœur de la ville, un deuxième projet mise sur la présence de l’eau, un dernier sur le végétal.
Le projet
Le lauréat définit ainsi son projet : retenir l’attention du visiteur, organiser les berges de Loire autour d’un port, mettre en scène le paysage urbain par l’éclairage de l’église et l’affirmation du mobilier urbain par des gestes marqués : sculpture, obélisque lumineux, pavillons folies en bord de Loire, arcades sur la place centrale.
D’un point de vue fonctionnel, il s’agissait aussi d’offrir un contraste centre-ville/bords de Loire et de créer une liaison forte place centrale-place de l’église par la place Audubon (A. Briand), d’où la continuité du revêtement de sol le long de ces espaces.
L’objectif recherché était aussi de développer l’offre commerciale sur la place centrale, d’où un ensemble de logements et commerces en arc de cercle qui devait compléter le cercle amorcé par les arcades.
L’ensemble du projet n’a pas été réalisé tel quel, les élections municipales de 1993 l’ayant remis en cause : l’ensemble de commerces, l’obélisque ou la sculpture n’ont pas vu le jour.
L’aménagement bords de Loire fut entrepris en 2001 avec Nantes Métropole dans un esprit différent.
Carnet de balade : centre-ville de Couëron,
Jeux de piste numérique : Au cœur de la Ville
[1] Etude préalable, 1991, Archives municipales de Couëron, 135W1
[2] Fermeture de l’usine en 1988 après de nombreux plans sociaux