Port-Launay, ancien port de Loire
Affleurement rocheux, ruelles étroites et escarpées descendant vers le fleuve, maisons alignées comme le long d’un quai, le village de Port-Launay ressemble aux petits ports de Loire voisins. Mais pourquoi n’est-il plus baigné par les eaux du fleuve ?
Le port de Nantes, un des principaux ports de la façade atlantique, est situé en fond d’estuaire. Des difficultés de navigation se font sentir dès le XVIe siècle avec la conjonction de l’envasement et de l’augmentation du tirant d’eau des navires.
Quelques petits ports de l’estuaire jouent alors le rôle d’avant-port. Les navires y jettent l’ancre et les marchandises sont transbordées de bord à bord sur des embarcations plus légères. Ces transbordements sont répartis en fonction du tonnage des navires : les plus gros s’arrêtent à Paimboeuf, les plus petits s’engagent jusqu’à Couëron, Indre voire Nantes pour limiter les importants frais de transport en gabarre.
Une véritable rade…
Entre Port-Launay et le bourg de Couëron, la rade formée par une inflexion du fleuve est avec Paimboeuf l’un des avant-ports les plus actifs de l’estuaire de la Loire. Dès le XVIe siècle mais surtout au XVIIIe, de nombreux navires y jettent l’ancre.
Dans un document de 1735, on apprend que « les petits vaisseaux hollandais, anglais, irlandais, espagnols, bayonnais et autres montent jusqu’à cet endroit, soit avec des marchandises qu’ils y déchargent en gabarres pour monter à Nantes et en recharger d’autres, soit à vide et seulement avec leur lest. », comme le font les navires hollandais qui chargent essentiellement du vin du pays nantais. Couëron est aussi un lieu important de chargement des denrées coloniales vers les ports du nord de l’Europe.
Gênée par l’ensablement du fleuve, l’activité maritime décroit à la fin du XVIIIe siècle. Paimbœuf, qui a bénéficié d’importants travaux d’aménagement, prend définitivement l’avantage comme avant-port de Nantes.
Deux mois dans la rade« À l’arrivée des navires, le courtier traducteur est obligé de se rendre à bord pour y faire la pesée du tabac, il revient ensuite au bureau de la ferme mettre le navire en déclaration. Il va chez le commis au délestage arrêter un bateau pour le déchargement du lest. Pendant le chargement ou déchargement les négociants ne cessent d’adresser aux courtiers des lettres. Voilà les devoirs des courtiers pendant les deux ou trois mois que les navires restent ordinairement dans la rade » Jean Boudet, traducteur à Couëron, 1766 |
Une rade qui s’ensable
Les règlements sur le délestage ne suffisant pas, des travaux d’aménagement sont entrepris à partir de 1755. À Couëron, un banc de sable commence alors à se former dans la rade et conduira un siècle plus tard à l’éloignement complet du fleuve.
Le village de Port Launay s’étend le long de la rive et remonte vers le nord pour amorcer l’unique chemin vers le bourg de Couëron. La route des bords de Loire n’existe pas encore.
À l’est du village, le Gros sable, monticule formé du lest des navires, s’est accumulé au fil des ans. Au nord de Port Launay se trouve le domaine de la Gerbetière, propriété de la famille Audubon à partir de 1781.
Des activités liées à la Loire
À Port Launay, vivent principalement des gens de Loire dont l’activité est liée au fleuve. Au XVIIIe siècle s’activent ainsi dans le port de Couëron marins, passeurs qui assuraient la traversée de la Loire, gabarriers qui transportent les marchandises, douaniers répartis de l’étier de Vair jusqu’au bourg, un interprète, un commis au délestage…
L’allure d’un port
Le village ressemble encore aujourd’hui à un port avec ses maisons alignées le long de la voie. Il se déploie aussi en hauteur sur le coteau, bien à l’abri des crues du fleuve.
Le bâti très varié, datant du XVe au XIXe siècle, se compose de petites maisons et de bâtisses cossues. Certains détails montrent l’ancienneté des constructions : toits très pentus, encadrements de baies en granit puis en tuffeau…
Dates
1631 | Acquisition par les marchands de Nantes d’un pré en bord de Loire pour servir au délestage des navires |
1643 | Création d’une foire au Port Launay à la Saint Luc |
1739 | Les navires ne peuvent mouiller l’ancre que dans les ports de Paimboeuf, Le Pellerin et Couëron |
1755 | Début des travaux conduits par l’ingénieur de la Marine Magin |
1769 | Premier constat d’ensablement de la rade |
1772 | Près de 150 navires venus d’Europe s’arrêtent à Couëron |
1817 | La décision de n’autoriser les transbordements entre Nantes et Paimboeuf qu’au Pellerin et à Basse-Indre marque le déclin du port de Couëron. |
1859 | Port Launay est définitivement coupé du fleuve |
1875 | Construction de la passerelle permettant d’aller de Port Launay à la cale du bac. |