Le Bossis
Une cité ouvrière remarquable
Construite pour loger les ouvriers des usines de Couëron et Basse-Indre, la cité ouvrière du Bossis a accueilli des familles venues de toute l’Europe mais principalement de Pologne formant une communauté toujours active à Couëron.
Un site dominant la Loire
La cité du Bossis a été construite à proximité de la carrière de la Garenne où s’était installée une fonderie de plomb en 1861. Au XIXe siècle, la ferme du Bossy dominait le bras de Loire allant de Basse-Indre à Couëron.
Cette partie de Couëron a été métamorphosée par les travaux d’aménagement de la Loire et par le développement industriel de la fin du XIXe siècle.
Le rebond économique après la Première Guerre Mondiale
Le fort développement des usines de la Basse-Loire augmente le besoin de main d’œuvre ouvrière.
La Première Guerre mondiale a vu l’arrivée de travailleurs coloniaux et de femmes dans les usines.
Après-guerre, l’activité industrielle reprend son développement. Les accords de 1919 encouragent l’arrivée d’ouvriers polonais sur tout le territoire français.
« On avait un jardin, mon père élevait des poules, des lapins. On avait un peu de pommes de terre, un peu de légumes quand même, surtout du chou ».
Anna
Une cité et des jardins
Les 288 maisons en pierre du Bossis et les maisonnettes en bois de Bessonneau sont attribuées au hasard des disponibilités. La cité s’étend de la Garenne au Pont de Retz. Les logements sont loués à bas prix et l’entretien est assuré par l’entreprise.
La cité offre une grande qualité architecturale rappelant les cités-jardins anglaises. Elle présente une unité grâce à l’utilisation de moellons de gneiss de la Garenne, de tuiles, d’encadrements de baies en béton et de menuiseries en bois.
Les logements sont petits pour de grandes familles, et pendant longtemps elles ne disposent ni de sanitaires, ni d’eau courante.
Les jardins potagers sont essentiels pour apporter un complément alimentaire.
Une vie difficile mais joyeuse !
La communauté polonaise est d’abord constituée d’ouvriers venus seuls, rejoints par leurs épouses et enfants. Le voyage est éprouvant et peut durer jusqu’à 7 jours.
La communauté reste soudée, d’autant que l’apprentissage de la langue française est difficile.
Souvent, ce sont les enfants qui jouent le rôle d’interprète.
« Le Bossis était un endroit où tout le monde se connaissait ».
Lucja
La vie sociale s’organise autour du café, du cinéma et de la salle de spectacle ou de bal. Chaque jour, les femmes se retrouvent autour de la coopérative créée par les Forges ou de la pompe et du lavoir. La messe du dimanche, les fêtes religieuses et la kermesse réunissent la communauté. Le sport, notamment le football, le théâtre ou la chorale font partie des loisirs des jeunes. L’été, les enfants vont sur les bords de Loire où les plus téméraires se baignent, non sans risques.
La paroisse et l’école polonaise
La grande majorité des familles polonaises est catholique et pratiquante. Les fêtes religieuses menées par un prêtre polonais jouent un rôle important dans la vie de quartier. Les enfants fréquentent l’école polonaise jusqu’à leur entrée à l’école élémentaire. Ils apprennent alors le français tout en continuant à fréquenter l’école polonaise tous les soirs et le jeudi alors jour de repos des écoliers.
Le Bossis aujourd’hui
La cité a évolué depuis sa construction : les habitants se sont renouvelés même si les Polonais sont longtemps restés nombreux. Une partie des maisons a été vendue, une autre a été remplacée par des petits collectifs.
A partir de 2018, la SAMO, bailleur social, entreprend une réhabilitation de son parc locatif : 15 maisons sont détruites pour la construction de nouveaux logements tandis que les autres sont réhabilitées.
1919 | La Convention franco-polonaise du 3 septembre 1919 organise le recrutement d’ouvriers polonais ; l’entreprise Carnaud les fait venir à Basse-Indre.
Création de la société des Maisons Ouvrières des Forges de Basse-Indre. |
1920-1923 | Construction des cités ouvrières du Bossis, de la Chabossière et de Bessonneau. |
1923 | Arrivée des premiers Polonais à Couëron. L’immigration polonaise augmentera jusqu’aux années 1930. |
1924 | Création de la première école polonaise. |
1929 | Création de la paroisse polonaise. |
1939 | La Deuxième Guerre mondiale met fin à l’immigration de travail en France et empêche le retour au pays. |
1940-1944 | De nombreux Couëronnais issus de l’immigration s’engagent dans la Résistance, notamment Jan Niescierewicz ou la sœur Barbara, religieuse polonaise. |
1977 | La cité devient propriété de la SAMO – Société Anonyme des Marches de l’Ouest. |
1981 | La rue qui traverse la cité prend le nom de Jan Niescierewicz, résistant tué par les Allemands à Saint-Herblain le 9 juillet 1944. |
2018 | Pose de la première pierre de la réhabilitation par la SAMO. |