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La construction de l’usine
Les Fonderies et laminoirs de Couëron sont créés en 1861 grâce à une position stratégique en bord de Loire et dans un contexte économique et géographique favorable. Elles produisent du plomb et des produits dérivés de ce métal. Au fil des fusions et acquisitions, l’usine prend le nom de Pontgibaud en 1879 puis de Tréfimétaux en 1964, appellation qu’elle garde malgré son intégration au groupe Péchiney puis à Ugine-Kulhmann.
Elle rencontre quelques difficultés à ses débuts mais connait par la suite un réel essor. Dès 1877, de nouveaux produits sont développés- en particulier le plomb de chasse- et une extension des locaux est programmée. De nouveaux bâtiments sont construits dont certains aujourd’hui existants : grande halle, tour à plomb, bâtiment municipal (services de la Ville de Couëron), halle de la Sacmo.
Sur l’emplacement de l’actuel Espace culturel et associatif se trouvent les ateliers de fabrication de la céruse ou blanc de plomb, substance aujourd’hui interdite ; ces ateliers sont transformés par la suite en service électrique, bureaux et laboratoire.
L’ancienne usine de traitement du minerai de plomb est quant à elle détruite après l’abandon de l’activité de fonderie dans les années 1930, au profit de la métallurgie du cuivre et de ses alliages. À cette époque, elle emploie 1 200 ouvriers. À partir des années 1950, l’usine connait des difficultés.
À la fin des années 70, elle devient même déficitaire. La diversification se poursuit avec la création d’un atelier de flans monétaires. Ses effectifs sont alors de 650 employés qui œuvrent dans 40 000 m² de bâtiments sur une emprise foncière totale de 15 hectares. En 1986, l’usine se consacre exclusivement aux activités de relaminage. Elle procède à la vente de 4 hectares de terrain avec leurs bâtiments.
En 1988, après des années de luttes sociales, la fermeture définitive de l’usine entraîna le licenciement de ses 160 ouvriers.
Histoire de la tour à plomb et de la fabrication du plomb de chasse
La tour est construite de 1875 à 1877 par l’architecte nantais Léon Lenoir et l’entreprise Lemut et Guerin sur des plans d’ingénieurs anglais. Sa très grande hauteur permettait la réalisation de plombs de chasse parfaitement sphériques. Elle a cessé son activité en 1957.
Les tours à plomb ne sont apparues en France qu’au XVIIIe siècle pour produire des plombs ou de la grenaille. Jadis familières dans le paysage, la tour de Couëron est aujourd’hui l’unique tour à plomb de France. Elle est classée comme Monument historique depuis 1993 avec tout son équipement intérieur.
Il existait d’autres tours à plomb dans la région, notamment à Nantes (connue sous le nom de Tour de Launay) et à Angers. Elles ont été détruites en 1961 et 1984. Celle de Noyelles-Godault, près de Lens, construite en 1924 sur une structure métallique et du béton armé, a été détruite en 2006. Elle faisait partie du site MétallEurop.
Une architecture remarquable
La tour à plomb de Couëron était la plus haute de toutes avec ses 69,40 m de hauteur pour un diamètre de 11,30 m à sa base avec des parois de 2,15 m s’amincissant à 80 cm au sommet.
Ce sommet de style Tudor a fait l’objet d’une attention particulière avec ses éléments décoratifs : une galerie de circulation en pierre calcaire avec un garde-corps en fer forgé, huit arcades plein cintre sur toute la circonférence, murs en brique et couronnement crénelé. La toiture conique en poivrière est en zinc. L’écoulement des eaux de pluie se faisait à l’intérieur de la Tour par une série de tuyaux en fonte.
Le fût de la tour est animé de fenêtres en calcaire percées en alternance.
Le seul accès à la tour donnait sur la grande halle qui la jouxtait. L’intérieur est composé plusieurs paliers de bois placés tous les 9 mètres que l’on atteignait par des échelles.
La fabrication du plomb de chasse
Le mélange de plomb, d’arsenic (pour la malléabilité) et d’antimoine (pour la dureté) était préparé dans la chaudière du rez-de-chaussée. Les lingots obtenus étaient montés à la chambre de coulée située au niveau le plus haut où se trouvait un équipement pour refondre le plomb et les cribles (sortes de poêles percées) pour obtenir la taille de plomb souhaitée.
La chute des billes sur une grande hauteur (60 m) permettait d’obtenir des plombs parfaitement sphériques recueillis dans une cuve remplie d’eau placée au niveau inférieur. Les plombs produits à Couëron étaient réputés pour leur grande qualité.
Un site réhabilité en bord de Loire
A l’emplacement de l’usine se trouvait auparavant le petit port de la Canche ainsi qu’une étroite bande de terre, le « cordon » soumise aux crues du fleuve. L’implantation de l’usine et de ses très nombreux bâtiments ainsi que l’exhaussement et l’aménagement de quais et d’estacades ont transfiguré profondément les bords de Loire jusqu’à l’étier de la Bouma.
L’implantation industrielle du site connait un constant déplacement vers l’est au fil des extensions, jusqu’à occuper entièrement l’espace libre entre le coteau et la Loire, les ateliers épousant la forme même du front de taille. Jusqu’à 2001 et l’aménagement des rives du fleuve, les bâtiments enchevêtrés par plus d’un siècle d’extensions offraient un front uniformément bâti sur la Loire et occupaient pratiquement tout l’espace.
La première étape de l’aménagement consiste d’ailleurs à détruire des bâtiments et à dégager ainsi des espaces pour mettre en valeur le bâti restant. Cette démarche correspond à une forte volonté municipale de préservation du patrimoine industriel local, comme un lieu vivant où perdurent, aux côtés de zones d’habitation, des activités culturelles, associatives et économiques.
La Sacmo, entreprise locale, a inauguré par exemple ses nouveaux locaux sur le site Tréfimétaux en 1999. Cet important chantier situé à proximité de la tour à plomb fut soumis au contrôle de l’architecte des bâtiments de France : doublage de pierres apparentes sur la façade de parpaings, armature métallique et verrière, sheds, etc.
L’Espace culturel et associatif a ouvert ses portes en 2009, la Médiathèque Victor Jara en 2014. Viendra ensuite la construction d’un quartier de logements.